Encore un article sur les métaphores, me direz-vous. Les écrits sont en effet très nombreux, tant sur les fondamentaux du travail métaphorique, que dans son utilisation dans les stratégies thérapeutiques. Tout le monde s’accorde sur le fait que la métaphore implique la créativité du thérapeute et qu’elle stimule l’imagination du sujet. L’attention est souvent portée sur la façon dont les thérapeutes peuvent construire les métaphores, sur l’intention qui les sous tend (recadrage, redéfinition du problème, recherche de solution, etc.). Au-delà de ces aspects, fort justes au demeurant, un enjeu majeur demeure : celui de la réceptivité du sujet à la métaphore.
Si la métaphore peut s’apparenter à une suggestion, la première intention du thérapeute doit être d’observer comment le patient ou la patiente se l’approprie. Mes maîtres m’ont enseigné que si le sujet ne se l’approprie pas, il faut la changer, s’adapter à la réalité du sujet. Elle doit être « séduisante » pour lui, et pas seulement pour le thérapeute. La question centrale pourrait être alors de tenter de définir les éléments intrinsèques à la métaphore, susceptibles de renforcer la réceptivité. Qu’entend-on par « réceptivité » ?
Il existe deux mouvements, deux intentions relationnelles fondamentales chez l’être humain : le « aller vers » et « le recevoir ». Ces deux mouvements sont complémentaires et se répondent pour développer une co-construction relationnelle : ces intentions impliquent tout autant le corps que nos représentations psychiques dans la relation à l’autre. L’intention « d’aller vers » s’accompagne en retour d’une intention de réceptivité. C’est la condition pour que puisse se construire une relation. Celui qui reçoit l’intention de l’autre peut à son tour s’autoriser à « aller vers » son interlocuteur. Le mouvement conjoint peut alors s’installer et la relation peut se développer. La relation thérapeutique n’échappe pas à cette règle. Le thérapeute « va vers » le patient avec sa métaphore. Le sujet la « reçoit » et à son tour envoie des réponses au thérapeute qui se met en posture de réceptivité. C’est ce qui permet à la métaphore de prendre place dans le processus relationnel thérapeutique.
Quels sont les défis de cette réceptivité ? L’appropriation par le sujet de la métaphore est la condition indispensable pour mobiliser l’imagination du sujet. Cette appropriation est bien souvent abordée sous l’angle quasi exclusif du cognitif et des représentations psychiques. Qu’en est-il exactement ? La métaphore s’appuie classiquement sur l’utilisation du langage. « La métaphore doit reprendre le langage du patient » est une notion classique dans l’utilisation des métaphores. Mais de quel langage s’agit-il ? L’appropriation de la métaphore nécessite un lieu thérapeutique sécure. Notre expérience nous apprend que ce lien «ne va pas de soi» et qu’il doit se construire. C’est notre responsabilité de thérapeute. Cette intention nous appartient. Qu’est-ce qui alimente et permet la construction de ce lien ?
Si la métaphore peut s’apparenter à une suggestion, la première intention du thérapeute doit être d’observer comment le patient ou la patiente se l’approprie. Mes maîtres m’ont enseigné que si le sujet ne se l’approprie pas, il faut la changer, s’adapter à la réalité du sujet. Elle doit être « séduisante » pour lui, et pas seulement pour le thérapeute. La question centrale pourrait être alors de tenter de définir les éléments intrinsèques à la métaphore, susceptibles de renforcer la réceptivité. Qu’entend-on par « réceptivité » ?
Il existe deux mouvements, deux intentions relationnelles fondamentales chez l’être humain : le « aller vers » et « le recevoir ». Ces deux mouvements sont complémentaires et se répondent pour développer une co-construction relationnelle : ces intentions impliquent tout autant le corps que nos représentations psychiques dans la relation à l’autre. L’intention « d’aller vers » s’accompagne en retour d’une intention de réceptivité. C’est la condition pour que puisse se construire une relation. Celui qui reçoit l’intention de l’autre peut à son tour s’autoriser à « aller vers » son interlocuteur. Le mouvement conjoint peut alors s’installer et la relation peut se développer. La relation thérapeutique n’échappe pas à cette règle. Le thérapeute « va vers » le patient avec sa métaphore. Le sujet la « reçoit » et à son tour envoie des réponses au thérapeute qui se met en posture de réceptivité. C’est ce qui permet à la métaphore de prendre place dans le processus relationnel thérapeutique.
Quels sont les défis de cette réceptivité ? L’appropriation par le sujet de la métaphore est la condition indispensable pour mobiliser l’imagination du sujet. Cette appropriation est bien souvent abordée sous l’angle quasi exclusif du cognitif et des représentations psychiques. Qu’en est-il exactement ? La métaphore s’appuie classiquement sur l’utilisation du langage. « La métaphore doit reprendre le langage du patient » est une notion classique dans l’utilisation des métaphores. Mais de quel langage s’agit-il ? L’appropriation de la métaphore nécessite un lieu thérapeutique sécure. Notre expérience nous apprend que ce lien «ne va pas de soi» et qu’il doit se construire. C’est notre responsabilité de thérapeute. Cette intention nous appartient. Qu’est-ce qui alimente et permet la construction de ce lien ?
LA RÉCEPTIVITÉ, L’IMAGINATION ET LE SYSTÈME PERCEPTIF
La thérapie est un apprentissage relationnel. Elle mobilise nos « chaînes d’expériences » construites tout au long de notre croissance et de notre développement.
Ces chaînes d’expériences positives ou négatives sont la base de nos apprentissages. Elles se construisent sur des expériences motrices et sensorielles. Pour s’installer, la charge émotionnelle associée doit être suffisamment forte. Une fois installée, les représentations psychiques qui y sont associées lui donnent sa valeur, le sensori-moteur et les représentations psychiques l’activent tout autant.
Selon Milton H. Erickson, les symptômes peuvent être vus comme des apprentissages. L’objectif de la thérapie n’est pas de supprimer un apprentissage, mais d’amener le sujet à en mobiliser un autre, déjà présent, ou d’en construire un nouveau.
Les métaphores et l’imagination qu’elles mobilisent s’appuient sur ces chaînes d’expériences. Les modèles psychothérapeutiques, dans nos cultures occidentales, mettent l’accent sur l’importance du cognitif et des représentations psychiques qui permettent la relation à soi, à notre corps, au monde qui nous entoure et à l’autre. Le corps est pris en compte, certes, mais trop souvent seulement comme reflet de la mobilisation des représentations psychiques : cette vision est parfaitement illustrée par le concept de mouvement idéomoteur, ou par la notion de changement de niveau émotionnel, observable corporellement.
Nous perdons souvent de vue que notre corps est le premier interface relationnel dans notre relation au monde et à l’autre. Le premier activateur de conscience est le sensori-moteur. Il est donc fondamental de prendre en compte que l’imagination s’appuie tout autant sur nos représentations psychiques que sur notre système perceptif. Nous ne pouvons imaginer qu’en nous appuyant sur des expériences sensorielles déjà vécues. Essayez d’amener un sujet à expérimenter « un gant magique », s’il n’a jamais porté de gant. Cela s’avérera impossible...
L’appropriation, la réceptivité du sujet à la métaphore, condition de la mobilisation de l’imagination, implique donc que le sujet soit « en lien » avec son système perceptif, c’est-à-dire ses sensations (VAKOG). Cependant nous perdons souvent de vue que notre système perceptif ne s’arrête pas seulement aux canaux sensoriels. Il implique considérablement notre système proprioceptif sympathique et parasympathique (théorie polyvagale de Porges).
Pour lire la suite de l’article et commander la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°61
La thérapie est un apprentissage relationnel. Elle mobilise nos « chaînes d’expériences » construites tout au long de notre croissance et de notre développement.
Ces chaînes d’expériences positives ou négatives sont la base de nos apprentissages. Elles se construisent sur des expériences motrices et sensorielles. Pour s’installer, la charge émotionnelle associée doit être suffisamment forte. Une fois installée, les représentations psychiques qui y sont associées lui donnent sa valeur, le sensori-moteur et les représentations psychiques l’activent tout autant.
Selon Milton H. Erickson, les symptômes peuvent être vus comme des apprentissages. L’objectif de la thérapie n’est pas de supprimer un apprentissage, mais d’amener le sujet à en mobiliser un autre, déjà présent, ou d’en construire un nouveau.
Les métaphores et l’imagination qu’elles mobilisent s’appuient sur ces chaînes d’expériences. Les modèles psychothérapeutiques, dans nos cultures occidentales, mettent l’accent sur l’importance du cognitif et des représentations psychiques qui permettent la relation à soi, à notre corps, au monde qui nous entoure et à l’autre. Le corps est pris en compte, certes, mais trop souvent seulement comme reflet de la mobilisation des représentations psychiques : cette vision est parfaitement illustrée par le concept de mouvement idéomoteur, ou par la notion de changement de niveau émotionnel, observable corporellement.
Nous perdons souvent de vue que notre corps est le premier interface relationnel dans notre relation au monde et à l’autre. Le premier activateur de conscience est le sensori-moteur. Il est donc fondamental de prendre en compte que l’imagination s’appuie tout autant sur nos représentations psychiques que sur notre système perceptif. Nous ne pouvons imaginer qu’en nous appuyant sur des expériences sensorielles déjà vécues. Essayez d’amener un sujet à expérimenter « un gant magique », s’il n’a jamais porté de gant. Cela s’avérera impossible...
L’appropriation, la réceptivité du sujet à la métaphore, condition de la mobilisation de l’imagination, implique donc que le sujet soit « en lien » avec son système perceptif, c’est-à-dire ses sensations (VAKOG). Cependant nous perdons souvent de vue que notre système perceptif ne s’arrête pas seulement aux canaux sensoriels. Il implique considérablement notre système proprioceptif sympathique et parasympathique (théorie polyvagale de Porges).
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Dr Bruno DUBOS
Médecin psychiatre à Rennes. Il travaille avec l’hypnose ericksonienne, les thérapies brèves et les thérapies systémiques depuis 1991. Formateur et superviseur, ses travaux ont fait l’objet de plusieurs communications dans les congrès européens et internationaux, ainsi que des publications dans des revues spécialisées. Il est l’auteur d’un livre sur les troubles des conduites alimentaires (Satas, 2009) et de Les âges clandestins : Pourquoi on ne fait pas tou- jours son âge (Payot & Rivages, 2020).
Commander la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°62
Illustrations : © Roberta Lo Menzo
N°62 : Août, Septembre, Octobre 2021
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Illustrations : © Roberta Lo Menzo
N°62 : août, septembre, octobre 2021
- Edito : Transe relationnelle. Julien Betbèze, rédacteur en chef
- La lévitation : un catalyseur de changement. Daniel Quin. Lâcher prise consiste à sortir de son cadre habituel de références et, par la transe, plonger dans un univers sans savoir où il nous mène. Avec les exemples de Marie, 12 ans, en échec scolaire, Lise, 35 ans, qui souffre de compulsion alimentaire, de Nadine, 22 ans qui veut perdre du poids, d’Anne, 35 ans, qui boit de la bière de façon excessive.
- Conversation de désengagement : le changement par l’aversion. Alain Vallée. Exercices pratiques pour amener au désir de changement. Ce genre de conversation centrée sur la liberté ou la contrainte, les valeurs ou le jugement d’autrui et les sensations corporelles est d’une grande puissance et prend peu de temps. Avec les exemples du tabagisme, de la colère…
- De la métaphore à la chanson de geste. Histoire de réceptivité. Bruno Dubos. Dans le travail métaphorique tout est question de réceptivité. Le thérapeute utilise une métaphore pour « aller vers le sujet », celui-ci va-t-il la « recevoir » ? Avec l’exemple de Sylvie et sa suite traumatique d’un long parcours émaillé d’interventions chirurgicales conséquence d’une erreur médicale.
- Les outils de la thérapie narrative : trouver du sens à l’insensé. Françoise Villermaux. Quoi de plus anxiogène, pour le psychologue ou le pédopsychiatre, qu’un adolescent qui exprime des idées suicidaires ? Illustration avec Célia, 14 ans et Elio, 15 ans. Dossier : Douleur, douceur
- Edito : Gérard Osterman
- La peur des soignants face à la mort. Myriam Mercier. Confrontés à la mort de patients dans leur travail, les soignants sont-ils autorisés à laisser parler leurs peurs ? Ou doivent-ils laisser leurs émotions à la maison ?
- Burn-out et doubles liens professionnels. Jérémy Cuna. Les exemples de M. H, directeur et délégué du personnel et de M. L, directeur adjoint et mari d’une salariée.
- Les gestes autocentrés : phénomène non conscient de ré-association. Corinne Paillette. Croiser les mains et mouliner des pouces, pianoter avec ses doigts sur ses cuisses, se gratter la tête… autant de petits gestes à observer chez les patients.
Dossier : Thérapie familiale
- Edito : Julien Betbèze. Mony Elkaïm : un thérapeute familial hors du commun
- Résonance et hypnose. En hommage à Mony Elkaïm et François Roustang. Sylvie Le Pelletier Beaufond. En vignette clinique, Mme C, 40 ans, en dépression depuis des années.
- Affronter l’ado tout-puissant : TOS (Thérapies Orientées Solution) et approches stratégiques. L’incroyable prise de pouvoir d’un adolescent de 15 ans sur sa famille. Sophie Tournouër
- Thérapie familiale et hypnose. Dimitri Tessier. Rétablir les liens entre les personnes dans des contextes de blocages relationnels. Les exemples de la famille L, une femme élève seules ses enfants, et du couple C en désaccord sur l’éducation de leur fille.
Rubriques
- Quiproquo. Stéfano Colombo. « Famille ». Dessin de Mohand Chérif Si Ahmed alias Muhuc
- Les champs du possible. Adrian Chaboche. Heureusement le temps passé passe par le présent.
- Culture monde. Sylvie Le Pelletier Beaufond. Les forces de l’invisible. Thérapies au Bénin.
- Les Grands entretiens. Gérard Fitoussi. Jacques-Antoine Malarewicz
- Livres en bouche: Julien Betbèze, Sophie Cohen.
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- Edito : Transe relationnelle. Julien Betbèze, rédacteur en chef
- La lévitation : un catalyseur de changement. Daniel Quin. Lâcher prise consiste à sortir de son cadre habituel de références et, par la transe, plonger dans un univers sans savoir où il nous mène. Avec les exemples de Marie, 12 ans, en échec scolaire, Lise, 35 ans, qui souffre de compulsion alimentaire, de Nadine, 22 ans qui veut perdre du poids, d’Anne, 35 ans, qui boit de la bière de façon excessive.
- Conversation de désengagement : le changement par l’aversion. Alain Vallée. Exercices pratiques pour amener au désir de changement. Ce genre de conversation centrée sur la liberté ou la contrainte, les valeurs ou le jugement d’autrui et les sensations corporelles est d’une grande puissance et prend peu de temps. Avec les exemples du tabagisme, de la colère…
- De la métaphore à la chanson de geste. Histoire de réceptivité. Bruno Dubos. Dans le travail métaphorique tout est question de réceptivité. Le thérapeute utilise une métaphore pour « aller vers le sujet », celui-ci va-t-il la « recevoir » ? Avec l’exemple de Sylvie et sa suite traumatique d’un long parcours émaillé d’interventions chirurgicales conséquence d’une erreur médicale.
- Les outils de la thérapie narrative : trouver du sens à l’insensé. Françoise Villermaux. Quoi de plus anxiogène, pour le psychologue ou le pédopsychiatre, qu’un adolescent qui exprime des idées suicidaires ? Illustration avec Célia, 14 ans et Elio, 15 ans. Dossier : Douleur, douceur
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Dossier : Thérapie familiale
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Rubriques
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- Culture monde. Sylvie Le Pelletier Beaufond. Les forces de l’invisible. Thérapies au Bénin.
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