Crédit photo: © Patrick Hepner
Dans cet article, il est question de parcourir plusieurs mois de thérapie avec Syriane, en introduisant d’abord le problème et ses effets (histoire dominante), puis les compétences que la patiente a mises en oeuvre pour lui résister (histoire alternative). Quand Syriane est venue me voir en thérapie, je n’avais encore jamais rencontré de Dévalorisateur Squatteur. C’est grâce à elle que j’en ai connu un, et ma foi il n’était pas « piqué des vers ». J’avais connu d’autres types dans son genre, cela dit, et mon opinion était que ce genre de type ne vous rend pas la vie douce, ni facile. C’était aussi l’opinion de Syriane. Comme elle me l’a expliqué lors de nos premières séances, le Dévalorisateur Squatteur s’était incrusté dans sa vie depuis bien longtemps. Elle me décrivait aussi comment le couple parental était lui-même aux prises avec de nombreux problèmes à même de préparer le terrain pour l’arrivée d’un Dévalorisateur Squatteur.
Sa mère est envahissante, débordante d’amour mais dévorée d’angoisse, et tout le temps inquiète. Son inquiétude la pousse à faire les choses à la place des autres (« bouge pas, je vais t’aider » est une de ses phrases préférées) et à les priver de leur autonomie, par peur qu’ils n’aient en réalité pas besoin d’elle. Syriane l’a souvent entendu dire que si elle n’était pas utile à quelqu’un ou quelque chose, alors elle ne servait à rien. Son père est manipulateur, colérique, tyrannique, critique... enfin beaucoup de « iques » ! Il ne lâche jamais un compliment, ou quoi que ce soit qui puisse apparaître comme une « faiblesse » ou un bon sentiment. Même à son travail, ses collègues le décrivent comme un homme intimidant, qu’il ne faut pas contrarier. Syriane raconte un homme qui rabaisse constamment son épouse, notamment lorsque celle-ci se mêle de reprendre des études de psychologie, ou de conduire. Elle relate des scènes familiales en voiture, avec sa mère au volant sous le feu des critiques paternelles, comme de véritables supplices qui les laissaient tous exsangues.
Quand Syriane naît, elle est tout de suite rejetée par ce père qui a lui-même longtemps souffert de surpoids morbide, car elle est, me dit-elle, « un bébé glouton ». A l’âge d’un an et demi, elle tombe malade et se voit diagnostiquer une rubéole (qui s’avérera en réalité être une roséole) alors que sa mère est enceinte de son petit frère. Craignant d’être contaminée et que cela n’affecte le développement du foetus, elle éloigne Syriane, qui est mise à l’écart, provoquant une coupure du lien maternel dévastatrice pour le bébé qu’elle était. Dans le même temps, le père, inquiet de l’issue de cette grossesse, insiste pour qu’elle avorte, ce qu’elle refuse. Le père décide alors, en quelque sorte, de quitter la relation conjugale. A partir de ce moment, les parents de Syriane ne communiqueront plus que pour évoquer les aspects du quotidien. Le petit frère de Syriane naîtra finalement en bonne santé, mais cette séquence douloureuse laissera une profonde marque sur la dynamique familiale. Syriane décrit un climat très lourd pendant toute son enfance, avec des parents qui ne se parlent que sur un mode opératoire, jusqu’au départ de son père, à ses 11 ans.
LE PROBLÈME : HISTOIRE DOMINANTE
Mais revenons à notre Dévalorisateur Squatteur. Le choix de ce nom « barbare » découle de l’association de deux effets majeurs du problème dans la vie de Syriane. D’une part, la présence d’un juge intérieur qui reprend en grande partie la parole paternelle, et qui lui dit tout le temps qu’« elle n’est pas assez ceci, pas assez cela, qu’elle n’a aucune valeur, qu’elle va être abandonnée d’une minute à l’autre, qu’elle est seule et finira seule », etc. De l’autre, nous avons identifié un effet d’enracinement aussi intrusif qu’indésiré du problème, qui plonge ses racines dans le trauma transgénérationnel. Le squatteur. C’est à cause de son « impact » sonore, à mi-chemin entre dévaloriser et dévaliser, rendant compte de la dévalorisation constante, subie de façon active, qui dévale sur elle comme une avalanche de critiques incessantes, et du vol de valeur qui en découle, que nous avons gardé le Dévalorisateur Squatteur afin de nommer le problème.
Parmi les horreurs que ce dernier lui avait fait subir, il l’avait incitée à prendre du poids pour se cacher du regard des autres, afin qu’elle reste pour toujours sous son emprise. C’est ainsi que pendant la majeure partie de sa vie d’adulte, elle s’était trouvée affligée d’un grand nombre de kilos en trop (jusqu’à 140 kilos). Ce surpoids semblait fonctionner à merveille pour venir renforcer les conclusions négatives que Syriane tirait sur elle-même, et qui avaient été, avant cela, portées par la parole paternelle. Elle avait d’ailleurs eu, bien avant notre rencontre, une première alerte de santé, qui l’avait obligée à perdre 40 kilos. Elle décrivait de longues et douloureuses ruminations sur le fait qu’elle n’y arriverait jamais, que ça devait être écrit quelque part, que le bonheur n’était pas pour elle, qu’elle était maudite les jours pairs et foutue les jours impairs, enfin bref, tout ce genre de salades bien démoralisantes. Le Dévalorisateur Squatteur l’avait également persuadée qu’elle n’avait aucune chance de séduire un homme, ce qui faisait que dans sa vie elle avait tout le temps eu le rôle de bonne copine, mais pas celui d’une femme digne d’inspirer des passions ou d’être aimée amoureusement. Elle était donc restée vierge jusqu’à l’âge de 45 ans.
Or, c’est à cet âge qu’à son plus grand étonnement, et alors qu’elle s’était en quelque sorte résignée à ne jamais connaître l’amour charnel, elle a entamé une relation amoureuse avec son collègue, Tarek. En quelques mois, elle perd 30 kilos. Quelques mots de contexte peuvent ici paraître bienvenus. Syriane et Tarek se connaissent depuis 2011, et ils sont bons amis, avec une complicité qui grandit au fil des années. Or, le couple de Tarek bat de l’aile, et il finit par divorcer en 2019. C’est alors que les deux collègues évoquent l’idée de devenir colocataires, étant tous deux originaires de province, car ils s’entendent bien, se connaissent de longue date, et cela leur permet d’imaginer rompre un peu la solitude, se rendre des services, etc. Le jour où ils se retrouvent dans un restaurant pour discuter des détails que pourraient revêtir cette colocation, ils se rendent à l’évidence qu’ils ont des sentiments plus qu’amicaux l’un pour l’autre. « En fait, j’étais en train de lui dire que j’étais amoureuse de lui. Il m’a alors dit je suis hyper content de ce que tu me dis là... Physiquement, j’ai senti mon estomac se remplir... Je me suis même dit : “j’ai plus faim, mais alors j’ai plus faim du tout”... » Et un point en moins pour le Dévalorisateur Squatteur !
Ils entament donc une relation que Syriane décrit elle-même comme fusionnelle début mars 2020, avant que celle-ci ne soit rapidement interrompue par le premier confinement de la Covid-19. Je reçois Syriane pour la première fois en décembre 2021, soit environ un an après ces événements. Son premier motif de consultation est la souffrance amoureuse causée par l’éloignement de Tarek, et l’ensemble des troubles anxieux qu’elle rapporte en lien avec cette souffrance. En effet, celui-ci a pris ses distances devant l’emballement émotionnel de Syriane, qui ne dort plus, ne mange plus, et a perdu près de 20 kilos pendant les deux mois du confinement. Elle en perdra 10 de plus le mois suivant. « J’ai arrêté de manger et de dormir. Ça m’a propulsée. J’ai disjoncté. » Elle dit : « J’ai attendu ça toute ma vie, et maintenant que je l’ai, on me le retire. » Elle est à la fois terrifiée par la puissance du sentiment amoureux qu’elle éprouve et par l’immédiate crainte d’être rejetée, d’être remise dans son « état d’avant ». L’exploration de ce « ça », qu’elle a attendu toute sa vie, nous a permis de faire l’inventaire des compétences qu’elle a pu mobiliser jusqu’ici par elle pour résister aux conclusions de l’histoire dominante, tomber amoureuse et connaître une intimité charnelle avec un homme.
Lire la suite sur la Revue...
Sa mère est envahissante, débordante d’amour mais dévorée d’angoisse, et tout le temps inquiète. Son inquiétude la pousse à faire les choses à la place des autres (« bouge pas, je vais t’aider » est une de ses phrases préférées) et à les priver de leur autonomie, par peur qu’ils n’aient en réalité pas besoin d’elle. Syriane l’a souvent entendu dire que si elle n’était pas utile à quelqu’un ou quelque chose, alors elle ne servait à rien. Son père est manipulateur, colérique, tyrannique, critique... enfin beaucoup de « iques » ! Il ne lâche jamais un compliment, ou quoi que ce soit qui puisse apparaître comme une « faiblesse » ou un bon sentiment. Même à son travail, ses collègues le décrivent comme un homme intimidant, qu’il ne faut pas contrarier. Syriane raconte un homme qui rabaisse constamment son épouse, notamment lorsque celle-ci se mêle de reprendre des études de psychologie, ou de conduire. Elle relate des scènes familiales en voiture, avec sa mère au volant sous le feu des critiques paternelles, comme de véritables supplices qui les laissaient tous exsangues.
Quand Syriane naît, elle est tout de suite rejetée par ce père qui a lui-même longtemps souffert de surpoids morbide, car elle est, me dit-elle, « un bébé glouton ». A l’âge d’un an et demi, elle tombe malade et se voit diagnostiquer une rubéole (qui s’avérera en réalité être une roséole) alors que sa mère est enceinte de son petit frère. Craignant d’être contaminée et que cela n’affecte le développement du foetus, elle éloigne Syriane, qui est mise à l’écart, provoquant une coupure du lien maternel dévastatrice pour le bébé qu’elle était. Dans le même temps, le père, inquiet de l’issue de cette grossesse, insiste pour qu’elle avorte, ce qu’elle refuse. Le père décide alors, en quelque sorte, de quitter la relation conjugale. A partir de ce moment, les parents de Syriane ne communiqueront plus que pour évoquer les aspects du quotidien. Le petit frère de Syriane naîtra finalement en bonne santé, mais cette séquence douloureuse laissera une profonde marque sur la dynamique familiale. Syriane décrit un climat très lourd pendant toute son enfance, avec des parents qui ne se parlent que sur un mode opératoire, jusqu’au départ de son père, à ses 11 ans.
LE PROBLÈME : HISTOIRE DOMINANTE
Mais revenons à notre Dévalorisateur Squatteur. Le choix de ce nom « barbare » découle de l’association de deux effets majeurs du problème dans la vie de Syriane. D’une part, la présence d’un juge intérieur qui reprend en grande partie la parole paternelle, et qui lui dit tout le temps qu’« elle n’est pas assez ceci, pas assez cela, qu’elle n’a aucune valeur, qu’elle va être abandonnée d’une minute à l’autre, qu’elle est seule et finira seule », etc. De l’autre, nous avons identifié un effet d’enracinement aussi intrusif qu’indésiré du problème, qui plonge ses racines dans le trauma transgénérationnel. Le squatteur. C’est à cause de son « impact » sonore, à mi-chemin entre dévaloriser et dévaliser, rendant compte de la dévalorisation constante, subie de façon active, qui dévale sur elle comme une avalanche de critiques incessantes, et du vol de valeur qui en découle, que nous avons gardé le Dévalorisateur Squatteur afin de nommer le problème.
Parmi les horreurs que ce dernier lui avait fait subir, il l’avait incitée à prendre du poids pour se cacher du regard des autres, afin qu’elle reste pour toujours sous son emprise. C’est ainsi que pendant la majeure partie de sa vie d’adulte, elle s’était trouvée affligée d’un grand nombre de kilos en trop (jusqu’à 140 kilos). Ce surpoids semblait fonctionner à merveille pour venir renforcer les conclusions négatives que Syriane tirait sur elle-même, et qui avaient été, avant cela, portées par la parole paternelle. Elle avait d’ailleurs eu, bien avant notre rencontre, une première alerte de santé, qui l’avait obligée à perdre 40 kilos. Elle décrivait de longues et douloureuses ruminations sur le fait qu’elle n’y arriverait jamais, que ça devait être écrit quelque part, que le bonheur n’était pas pour elle, qu’elle était maudite les jours pairs et foutue les jours impairs, enfin bref, tout ce genre de salades bien démoralisantes. Le Dévalorisateur Squatteur l’avait également persuadée qu’elle n’avait aucune chance de séduire un homme, ce qui faisait que dans sa vie elle avait tout le temps eu le rôle de bonne copine, mais pas celui d’une femme digne d’inspirer des passions ou d’être aimée amoureusement. Elle était donc restée vierge jusqu’à l’âge de 45 ans.
Or, c’est à cet âge qu’à son plus grand étonnement, et alors qu’elle s’était en quelque sorte résignée à ne jamais connaître l’amour charnel, elle a entamé une relation amoureuse avec son collègue, Tarek. En quelques mois, elle perd 30 kilos. Quelques mots de contexte peuvent ici paraître bienvenus. Syriane et Tarek se connaissent depuis 2011, et ils sont bons amis, avec une complicité qui grandit au fil des années. Or, le couple de Tarek bat de l’aile, et il finit par divorcer en 2019. C’est alors que les deux collègues évoquent l’idée de devenir colocataires, étant tous deux originaires de province, car ils s’entendent bien, se connaissent de longue date, et cela leur permet d’imaginer rompre un peu la solitude, se rendre des services, etc. Le jour où ils se retrouvent dans un restaurant pour discuter des détails que pourraient revêtir cette colocation, ils se rendent à l’évidence qu’ils ont des sentiments plus qu’amicaux l’un pour l’autre. « En fait, j’étais en train de lui dire que j’étais amoureuse de lui. Il m’a alors dit je suis hyper content de ce que tu me dis là... Physiquement, j’ai senti mon estomac se remplir... Je me suis même dit : “j’ai plus faim, mais alors j’ai plus faim du tout”... » Et un point en moins pour le Dévalorisateur Squatteur !
Ils entament donc une relation que Syriane décrit elle-même comme fusionnelle début mars 2020, avant que celle-ci ne soit rapidement interrompue par le premier confinement de la Covid-19. Je reçois Syriane pour la première fois en décembre 2021, soit environ un an après ces événements. Son premier motif de consultation est la souffrance amoureuse causée par l’éloignement de Tarek, et l’ensemble des troubles anxieux qu’elle rapporte en lien avec cette souffrance. En effet, celui-ci a pris ses distances devant l’emballement émotionnel de Syriane, qui ne dort plus, ne mange plus, et a perdu près de 20 kilos pendant les deux mois du confinement. Elle en perdra 10 de plus le mois suivant. « J’ai arrêté de manger et de dormir. Ça m’a propulsée. J’ai disjoncté. » Elle dit : « J’ai attendu ça toute ma vie, et maintenant que je l’ai, on me le retire. » Elle est à la fois terrifiée par la puissance du sentiment amoureux qu’elle éprouve et par l’immédiate crainte d’être rejetée, d’être remise dans son « état d’avant ». L’exploration de ce « ça », qu’elle a attendu toute sa vie, nous a permis de faire l’inventaire des compétences qu’elle a pu mobiliser jusqu’ici par elle pour résister aux conclusions de l’histoire dominante, tomber amoureuse et connaître une intimité charnelle avec un homme.
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ANNE MALRAUX Après une carrière artistique, elle s’oriente vers la sociologie puis se forme en psychologie. Formée à l’hypnose médicale à l’AFEHM en 2014, puis en thérapie narrative et à la prise en charge du psychotrauma à l’Institut Mimethys.
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N°70 : Août / Septembre / Octobre 2023
Voici le sommaire, présenté par Julien Betbèze, rédacteur en chef :
. Anne Malraux décrit, à travers plusieurs séances de thérapie avec Syriane, comment celle-ci va retrouver des ressources, malgré la force du processus dissociatif. Dans cette histoire le personnage invisible du ''dévalorisateur-squatteur'', pilier de la dissociation, devient visible grâce au questionnement externalisant. Il perd son pouvoir et les ressources relationnelles peuvent émerger pour que Syriane retrouve sa fierté et reprenne des initiatives porteuses de sens.
.Cédric Gueguen nous entraîne à « surfer » sur les vagues de la confiance avec les sportifs de haut niveau. Il nous emmène en Polynésie pour saisir la puissance de la mémoire du corps amplifiée par l’entraînement hypnotique.
. Sophie Tournouër illustre, à travers la situation clinique de Daniel, l’apport de Guy Ausloos à la compréhension de ''l’acting out'' : le passage à l’acte n’est pas la cause du dysfonctionnement familial, mais une de ses conséquences. Elle nous aide à comprendre le lien entre les différentes compréhensions systémiques des passages à l’acte ; elle met en évidence l’importance de la dynamique de bienveillance et d’une approche collaborative pour retrouver les compétences relationnelles entre la maman et son fils. Et c’est par un questionnement orienté solution que l’apaisement pourra advenir.
Dossier : Indispensable hypnose
. Dominique Megglé nous apprend à repérer et à utiliser les 4 modalités de la transe : transe profonde, légère-moyenne, conversationnelle, invisible. A travers différentes situations cliniques, il souligne notamment comment la relation hypnotique permet d’échapper aux fausses exceptions lorsque celles-ci sont décrites comme de simples moments où les symptômes ont moins d’effet sur les sujets. Comme il le dit : l’hypnose est une jeune fille pleine de promesses.
. Gérald Brassine nous montre comment conduire le travail sur les protections dissociatives chez une femme de 40 ans, avec des antécédents d’abus dans l’enfance, envahie par la peur de sortir de chez elle. Il décrit avec précision une séance qui, grâce a un changement de scénario, permet à cette femme de se libérer d’un syndrome de Stockholm et de retrouver la capacité de faire des choix.
. Stéphane Radoykov et Claude Virot nous rappellent l’importance d’intégrer l’hypnose dans les soins psychiatriques pour que les différents dispositifs thérapeutiques puissent« semer les graines du changement ». Il nous paraît indispensable que, pour le public et les soignants, l’hypnose ne soit pas uniquement associée à l’analgésie, mais soit aussi reconnue socialement comme un processus d’activation du changement en thérapie.]
Espace Douleur Douceur
. Gérard Ostermann.
Edito : Quand l’hypnose parle à l’oreille des cigognes
. Michel Dupuet, gynécologue-obstétricien, nous propose une fructueuse illustration clinique de cette thérapeutique incomparable qu’est l’hypnose. Lorsque l’enfant ne paraît pas, tout se bouscule en effet avec son cortège de sentiments négatifs qui s’entretiennent les uns les autres : culpabilité, sentiment d’impuissance, d’injustice, atteinte de l’image de soi et du couple.
. Michel Dupuet a été le premier surpris de ses résultats des plus prometteurs, tout en affirmant avec modestie qu’il est peut-être prématuré de penser que les cas d’infertilité décrits et solutionnés par l’hypnose sont la preuve irréfragable de l’action exclusive de cette technique dans les problèmes de fertilité. Michel Dupuet espère seulement que dans les mois qui viendront ses confrères gynécologues, les centres de PMA intégreront l’hypnose dans leur panel thérapeutique. Malheureusement la crainte vivace dans l’inconscient médical du détournement de clientèle freine encore la collaboration. Pourtant 4 000 stérilités inexpliquées par an ouvre un vaste champ d’action.
. Muriel Launois, ergothérapeute, nous invite à ''Explorer ce qui est bon pour soi''. Dans un monde survolté, où le stress nous fait croire à la performance alors qu’il empêche en fait de goûter la vie, Muriel Launois nous propose d’être attentif à nous-même pour redécouvrir la vraie signification de l’écoute et de la communication avec le réel. Elle nous invite à être dans l’ouvert, sensible à ce qui est. C’est une attitude de vie. Il n’y a rien à atteindre, à obtenir, à devenir. Il s’agit simplement de perdre ses prétentions ; tout est déjà là en amont de notre être en-deçà de nos pensées, soucis et émotions.
. Véronique Laplane, médecin pédiatre, nous indique la voie pour ''Ne plus avoir peur chez le pédiatre''. Les enfants sont d’excellents candidats à l’hypnose ! L’hypnose s’appuie sur l’imagination, or chacun sait qu’en la matière les enfants sont rois ! Pour eux, l’imaginaire est réel du moins jusqu’à un certain âge. Ils sont tour à tour dragon, princesse ou chevalier et ont intacte en eux la magie du « comme si »... L’hypnose ne doit pas être vue comme une solution magique, mais comme une méthode complémentaire aux techniques de communication, de réassurance et de préparation mentale.
Rubriques :
. Stefano Colombo et Mohand Chérif Si Ahmed : Quiproquo « Indispensable »
. Adrian Chaboche : Les champs du possible : ''Vous dansez ?''
. Nicolas d’Inca : Culture monde ''Voyage chamanique au son du tambour''
. Sophie Cohen : Bonjour et après ''Corinne et ses peurs''
. Livres
Voici le sommaire, présenté par Julien Betbèze, rédacteur en chef :
. Anne Malraux décrit, à travers plusieurs séances de thérapie avec Syriane, comment celle-ci va retrouver des ressources, malgré la force du processus dissociatif. Dans cette histoire le personnage invisible du ''dévalorisateur-squatteur'', pilier de la dissociation, devient visible grâce au questionnement externalisant. Il perd son pouvoir et les ressources relationnelles peuvent émerger pour que Syriane retrouve sa fierté et reprenne des initiatives porteuses de sens.
.Cédric Gueguen nous entraîne à « surfer » sur les vagues de la confiance avec les sportifs de haut niveau. Il nous emmène en Polynésie pour saisir la puissance de la mémoire du corps amplifiée par l’entraînement hypnotique.
. Sophie Tournouër illustre, à travers la situation clinique de Daniel, l’apport de Guy Ausloos à la compréhension de ''l’acting out'' : le passage à l’acte n’est pas la cause du dysfonctionnement familial, mais une de ses conséquences. Elle nous aide à comprendre le lien entre les différentes compréhensions systémiques des passages à l’acte ; elle met en évidence l’importance de la dynamique de bienveillance et d’une approche collaborative pour retrouver les compétences relationnelles entre la maman et son fils. Et c’est par un questionnement orienté solution que l’apaisement pourra advenir.
Dossier : Indispensable hypnose
. Dominique Megglé nous apprend à repérer et à utiliser les 4 modalités de la transe : transe profonde, légère-moyenne, conversationnelle, invisible. A travers différentes situations cliniques, il souligne notamment comment la relation hypnotique permet d’échapper aux fausses exceptions lorsque celles-ci sont décrites comme de simples moments où les symptômes ont moins d’effet sur les sujets. Comme il le dit : l’hypnose est une jeune fille pleine de promesses.
. Gérald Brassine nous montre comment conduire le travail sur les protections dissociatives chez une femme de 40 ans, avec des antécédents d’abus dans l’enfance, envahie par la peur de sortir de chez elle. Il décrit avec précision une séance qui, grâce a un changement de scénario, permet à cette femme de se libérer d’un syndrome de Stockholm et de retrouver la capacité de faire des choix.
. Stéphane Radoykov et Claude Virot nous rappellent l’importance d’intégrer l’hypnose dans les soins psychiatriques pour que les différents dispositifs thérapeutiques puissent« semer les graines du changement ». Il nous paraît indispensable que, pour le public et les soignants, l’hypnose ne soit pas uniquement associée à l’analgésie, mais soit aussi reconnue socialement comme un processus d’activation du changement en thérapie.]
Espace Douleur Douceur
. Gérard Ostermann.
Edito : Quand l’hypnose parle à l’oreille des cigognes
. Michel Dupuet, gynécologue-obstétricien, nous propose une fructueuse illustration clinique de cette thérapeutique incomparable qu’est l’hypnose. Lorsque l’enfant ne paraît pas, tout se bouscule en effet avec son cortège de sentiments négatifs qui s’entretiennent les uns les autres : culpabilité, sentiment d’impuissance, d’injustice, atteinte de l’image de soi et du couple.
. Michel Dupuet a été le premier surpris de ses résultats des plus prometteurs, tout en affirmant avec modestie qu’il est peut-être prématuré de penser que les cas d’infertilité décrits et solutionnés par l’hypnose sont la preuve irréfragable de l’action exclusive de cette technique dans les problèmes de fertilité. Michel Dupuet espère seulement que dans les mois qui viendront ses confrères gynécologues, les centres de PMA intégreront l’hypnose dans leur panel thérapeutique. Malheureusement la crainte vivace dans l’inconscient médical du détournement de clientèle freine encore la collaboration. Pourtant 4 000 stérilités inexpliquées par an ouvre un vaste champ d’action.
. Muriel Launois, ergothérapeute, nous invite à ''Explorer ce qui est bon pour soi''. Dans un monde survolté, où le stress nous fait croire à la performance alors qu’il empêche en fait de goûter la vie, Muriel Launois nous propose d’être attentif à nous-même pour redécouvrir la vraie signification de l’écoute et de la communication avec le réel. Elle nous invite à être dans l’ouvert, sensible à ce qui est. C’est une attitude de vie. Il n’y a rien à atteindre, à obtenir, à devenir. Il s’agit simplement de perdre ses prétentions ; tout est déjà là en amont de notre être en-deçà de nos pensées, soucis et émotions.
. Véronique Laplane, médecin pédiatre, nous indique la voie pour ''Ne plus avoir peur chez le pédiatre''. Les enfants sont d’excellents candidats à l’hypnose ! L’hypnose s’appuie sur l’imagination, or chacun sait qu’en la matière les enfants sont rois ! Pour eux, l’imaginaire est réel du moins jusqu’à un certain âge. Ils sont tour à tour dragon, princesse ou chevalier et ont intacte en eux la magie du « comme si »... L’hypnose ne doit pas être vue comme une solution magique, mais comme une méthode complémentaire aux techniques de communication, de réassurance et de préparation mentale.
Rubriques :
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. Sophie Cohen : Bonjour et après ''Corinne et ses peurs''
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