Hypnose Paris: Laurent Gross, et des hypnothérapeutes, répondent à vos questions sur l'hypnose ericksonienne, l'EMDR, la formation. Avis de thérapeutes










Hypnose et Thérapies Brèves n°32 Edito du Dr Thierry SERVILLAT



FORMIDABLE ANTHROPOCÈNE
Bien que controversée, l’idée que nous entrerions dans une nouvelle période géologique dont la caractéristique serait d’être principalement déterminée par l’action de l’homme – période de ce fait appelée Anthropocène – cette idée a l’avantage, en ce début d’année, d’ouvrir ceux de nos yeux qui n’étaient pas déjà ouverts à cette réalité.
Pour certains spécialistes, la date de ce changement d’époque serait celle de l’invention de la machine à vapeur : 1784. Coïncidence amusante : ce fut aussi l’année du rapport royal sur le magnétisme animal qui, s’il aboutit à la condamnation de ce dernier, fonda surtout la médecine et la thérapie par l’imagination que nous pratiquons aujourd’hui avec nos patients !
L’Anthropocène doit être, nécessairement, une période d’imagination créative. Nous nous rendons compte, certains d’entre nous ayant effectué cette prise conscience depuis de nombreuses années, que l’avenir de la planète est dans et entre nos mains, et que ne pas changer nos modes de vie aboutirait à un anéantissement collectif. Pourtant, si l’on en croit les réflexions de deux chercheurs du CNRS, l’émergence d’une évidence que l’aventure humaine est entrée dans une mutation a commencé à se produire depuis longtemps.
Alors serions-nous « fort minables » comme le chante Stromae, la révélation belge – et bien au-delà, francophone – de l’année qui vient de s’écouler ?
Peut-être. Mais aussi, si nous, praticiens de l’hypnose et des thérapies brèves, sommes les héritiers du magnétisme animal condamné en 1784, ne serions-nous pas, dans la continuité de nos ancêtres magnétiseurs, parmi les premiers à diffuser un message porteur d’une alternative possible ? Ne pourrions-nous pas être « formidables », comme le suggère Stromae ? Formidables. C’est-à-dire créatifs, à l’écoute de nos patients, s’efforçant en dignes (post-) éricksoniens, de leur redonner du pouvoir sur leur vie et sur leur santé.
Formidables comme l’ont été les organisateurs du Forum de Strasbourg sous la houlette d’Imelda Haenel. Comme l’est Christian Schmitt, qui, pendant sa présidence de la CFHTB, a été extraordinaire de sagesse, d’humanité et de précision technique dans tous les dossiers qu’il a eus à gérer.
L’Anthropocène a besoin de gens formidables, dans bien des domaines, devant communiquer entre eux grâce à une réelle interdisciplinarité et, autant que possible, par une transdisciplinarité rigoureuse pour être inventive.
Créatifs, nous devons l’être « pour réhumaniser la médecine » comme me le disait il y a quelques jours un ami professeur de médecine spécialisé en éthique, en examinant peu avant sa prise de retraite tout ce qui lui a été donné de vivre comme drames humains dans son métier.
Il n’est pas exagéré de dire, en tout cas lorsque nous sommes en forme et inspirés, que nous sommes des alternatifs. Du moins nous essayons de l’être. Et il n’est pas anodin qu’Erickson, tout jeune étudiant en médecine dans les années 20, ait commencé son cheminement en entrant en désaccord avec son maître en psychologie et en hypnose, et sur un point, rappelons le capital : le résultat thérapeutique dépend surtout de ce que le patient fait !
Pour illustrer ce propos, ainsi que ceux tenus dans bon nombres d’articles et rubriques – sinon tous – de ce numéro, un dessin en couverture. Un dessin qui n’est pas de n’importe qui. De Jean-Martin Charcot. S’il vous plait !
Charcot, respecté, et même admiré – et il y a de quoi – pour ses découvertes en neurologie, mais disqualifié, moqué y compris parfois par nous qui en sommes les praticiens-concernant son intérêt pour l’hypnose.
Mais grâce au travail de la formidable Catherine Bouchara, nous avons enfin accès au vrai Charcot. Notamment par la connaissance des dessins qu’il n’a jamais cessé de faire tout au long de sa vie. Ces deux bonshommes qui sortent chacun d’un hémisphère de cerveau, où vont-ils ? L’un d’eux est Antoine-Auguste Pierret (1845-1920), interne et fidèle compagnon de voyage de Charcot.
Avec Charcot, Erickson, et après Mesmer (avec un seul s !), partons nous aussi en voyage, en cette année qui commence, d’abord au fil des pages de ce numéro, puis avec nos patients, ou sans, et toujours vers des contrées inconnues puisque non encore inventées !

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Dissoudre la douleur ? Sophie COHEN
Bien choisir le solvant. Aux confins de l’hypnose et des thérapies méditatives, Sophie Cohen montre comment la douleur peut être dissoute si nous sommes attentifs à ajuster notre posture. Un texte dans la continuité du travail de la grande thérapeute solutionniste Insoo Kim Berg. Soluble ? Comme un comprimé effervescent ? Oui, presque. Et si c’était possible ? Pourquoi pas ? C’est une idée tentante, qu’en pensez-vous ? Soluble, d’accord et soluble dans quoi ? C’est justement cela qu’il convient d’identifier.


Improviser l'hypnose en addictologie
Par Pascal VESPROUMIS 
Avec Jean-Mathias PETRI (flûtiste, compositeur et improvisateur) et Maurice LE MOUNIER. Il y a encore 10 ans, il était fréquemment dit que l’hypnose n’apportait aucun bénéfice dans le traitement des pharmacodépendances. C’était sans compter avec l’inventivité de thérapeutes tels Pascal Vesproumis qui développe une démarche exploratoire avec l’aide d’artistes. Ici en l’occurrence un flûtiste improvisateur. En préambule : « Certes, le cannabis peut agir comme anxiolytique, anesthésiant de la pensée, et comme stabilisateur de l’humeur limitant les grands accès de colère et les mouvements dépressifs. Mais ce gel de la pensée devient une véritable hibernation de l’imagination et de la mémoire de fixation limitant ainsi les capacités de compréhension du patient.



Le saut hors du piège à mouches. Pr Gérard LAVOIE
VERS UN TOUT NOUVEL ASPECT DES CHOSES ! 

Comment sortir d’un problème ? A cette question banale, Gérard Lavoie, professeur en sciences de l’éducation au Québec, développe en la prolongeant la réflexion de Ludwig Wittgenstein sur la notion de « changement d’aspect ». Un texte très intégratif qui éclaire tant la pratique hypnotique que celle des thérapies brèves stratégiques, solutionnistes et narratives ! Pour faire le saut hors du cadre piégeant d’un problème, le philosophe Ludwig Wittgenstein propose la voie du changement d’aspect.


Un protocole hypnotique pour l'arrêt du tabac. Dominique MEGGLÉ
Décider ce qui est bon. Autre illustration de l’intérêt actuel de l’hypnose en addictologie, cette manière de faire de Dominique Megglé pour aider ses patients à arrêter de fumer. Manière qu’il appelle protocole, mais ne soyons pas dupes : un protocole multidirectionnel bien loin des arbres décisionnels de l’Evidence Based Medecine ! PETITE HISTOIRE D’UN PROTOCOLE. Il y a une dizaine d’années, il a commencé à se savoir dans la population que l’hypnose pouvait aider au sevrage tabagique.


Zone de confort. En avoir ou pas (2e partie). Thierry Zalic
Situant comme centrale l’attention du thérapeute sur son propre confort, Thierry Zalic développe ici 10 autres points méthodologiques qui complètent les 6 premiers exposés dans notre précédent numéro. Et nous montre aussi comment il est parvenu à développer un style thérapeutique inspiré du détachement oriental tout en s’avérant très personnel. 7. Rien n’est jamais plus fort que vous / pensées auto-limitantes. Parfois vous me dites : « C’est plus fort que moi d’être triste, ou d’avoir peur ». Rien n’est plus fort que vous. La maladie, la tristesse ou la peur ressentie, c’est toujours vous. Ce qui est plus fort que vous n’est qu’une partie de vous.


Pour l’altruisme. Dr Thierry Servillat, Rédacteur de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves
Bien souvent la notion d’altruisme nous fait penser à quelque chose de naïf, et donc de dangereux. A moins que cette bonté envers les autres, nous la considérions comme un devoir. Faire la « bonne action » qui justifierait notre existence, qui la ferait prolonger dans une sorte de marché avec la divinité, avec la Vie. Matthieu Ricard est loin de cette conception. Devenu moine bouddhiste immédiatement après avoir terminé sa thèse de biologie avec le Nobel François Jacob, il travaille depuis de nombreuses années avec des chercheurs qui souhaitent mieux comprendre les effets neurocérébraux de la méditation. Notamment de deux types particulièrement importants que sont la méditation sur l’amour altruiste et celle sur la compassion.


"Ça m’étonnerait !" Dr Stefano COLOMBO Quiprocquo, Malentendu et Incommunicabilité 32
Les Fêtes de fin d’année sont déjà bien lointaines. Et pourtant les murs de beaucoup d’appartements et de maisons résonnent encore de cette extraordinaire phrase : “ Ça m’étonnerait ! ”Elle a un timbre si marqué qu’elle est obligatoirement suivie du point exclamatif. Vous n’allez quand même pas imaginer une telle phrase, chaque fois prononcée avec une conviction sans égale, se terminer avec un misérable petit point. Non ! Il lui faut le point exclamatif. Et si je pouvais le mettre en majuscule, je n’hésiterais pas une seconde. Ça m’étonnerait que vos tapisseries, vos tapis, vos plafonds ne soient pas enrichis, inondés, envahis voire saturés par ce refrain : “ Ça m’étonnerait ! ”. Avez-vous l’impression de lire une affirmation qui ne vous concerne pas ? Eh bien, vous avez tort.


2014 verra-t-elle la fin d’un paradigme ? Antoine BIOY
La fin de l’année 2013 a été marquée par une recrudescence des évaluations « Evidence Based Medecine » en hypnose. Par exemple, Dickson-Spillmann et collaborateurs (2013) montrent qu’une séance unique d’hypnothérapie permet de maintenir un comportement d’abstinence chez 15% des fumeurs (évaluation à 6 mois). Un niveau de résultat assez habituel dans les méta-analyses depuis plusieurs années, et qui flirte avec la moyenne des méthodes alternatives et complémentaires, comme le montre une nouvelle étude portant sur près de 55000 patients (Hamm et al, 2013) : toutes méthodes MAC (« médecines alternatives et complémentaires ») confondues, on est aux alentours de 15% de réussite pour le sevrage tabagique.
Improviser l'hypnose en addictologie

Entretien de Catherine BOUCHARA par Thierry SERVILLAT.
Je connaissais déjà un peu le travail que Catherine Bouchara, psychiatre et hypnothérapeute parisienne, entreprenait sur Charcot car j’avais vu son film il y a deux ans lors de l’Université d’été organisée par Patrick Bellet à Vaison la Romaine. A l’occasion de la sortie de son livre, Catherine a bien voulu m’accorder un entretien. Thierry : Catherine, cela fait plusieurs années que, en plus de ton exercice libéral en cabinet, ainsi qu’à la Salpêtrière, tu travailles assidument pour parvenir à la réalisation de ce livre magnifique. Comment l’idée de travailler sur Charcot t’est-elle venue ?


Laurence ADJADJ
Hypnothérapeute à Marseille et Présidente de l'Institut de Formation Hypnotim. Praticienne en EMDR... En savoir plus sur cet auteur



Rédigé le 04/08/2017 à 00:12 | Lu 661 fois modifié le 23/07/2018



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