Travail sur l’intentionnalité dans les traumas complexes pour monter sur la berge.
Pour cette patiente, monter sur la berge c’est se sortir du tsunami de son trauma. Une forme de « sauvetage » rendu possible par un travail d’accordage et de co-thérapie pour rétablir des relations de confiance et renouer le lien avec les humains.
La difficulté rencontrée par un thérapeute lorsqu’il est confronté à un trauma complexe, est de travailler avec un sujet qui a perdu confiance en tout lien humain, dans un monde où prolifèrent les doubles liens avec de nombreux blocages sensoriels et une pauvreté de la pensée. Dans ce monde, les intentions relationnelles ont disparu.
A la différence de l’état de stress post-traumatique où le vécu traumatique est contextuel et où il reste des relations sécures en dehors du contexte traumatique, le trauma complexe est caractérisé par un envahissement généralisé de la problématique traumatique, le sujet restant prisonnier dans un labyrinthe de processus dissociatifs. Dans cette occurrence, le « sujet » ne peut pas se réassocier quelles que soient les modifications de ses actions, car il n’y a aucun espace sécure dans sa relation au monde, du fait de l’absence d’accordage dans sa relation à l’autre et à lui-même. Aucune action n’a de sens, il reste sous l’influence de l’impuissance et de l’effroi, aucun autre n’étant crédible pour venir à sa rencontre. En effet la dissociation, caractérisée par une contradiction entre relation à l’autre et relation à soi, plonge le sujet dans une expérience abandonnique de « seul au monde ».
« PENSÉE PAR TAS »
Dans cette expérience, les vides de pensée, les ruminations, les interprétations limitantes, la lutte contre les ressentis sensoriels et les actions automatiques s’enracinent dans un langage organisé selon une « pensée par tas ».
Le monde abandonnique amène le sujet à construire des « petits tas » de signification, auxquels il s’accroche pour échapper à l’émiettement chaotique et tenter de donner du sens à une expérience insensée. Dans cette expérience transie par des angoisses de mort, toute action peut déboucher sur des angoisses d’effondrement et toute tentative d’entrée dans la relation se traduit par des angoisses d’étouffement ou de rejet, caractéristiques de l’expérience de maltraitance. Devant la multiplication des doubles liens, le trauma s’invite dans les différents secteurs de vie du sujet, les intentions relationnelles s’absentent, la vie affective est anesthésiée, les troubles émotionnels tournent à vide ; l’absence d’accordage rigidifie le jeu relationnel et maintient le sujet dans un chaos insensé.
ACCORDAGE ET INTENTION
Dans ces prises en charge où aucun lien sécure ne tient, et où l’installation d’une relation thérapeutique est toujours problématique, un travail spécifique à partir de la compréhension de l’autonomie relationnelle sert de guide pour construire un chemin qui pourrait enfin donner un sens à la vie du sujet.
Sortir de cette impasse, où l’action se retourne contre elle-même, implique de rendre à nouveau perceptible la dimension intentionnelle. Cette visée intentionnelle est le vecteur de la vie affective et des gestes relationnels donnant forme à la subjectivité dans une dimension dialogique. Et c’est en co-construisant une relation d’accordage que le sujet et le thérapeute vont pouvoir donner forme à l’intentionnalité et enrichir leur pensée. L’accordage permet d’accueillir la vie relationnelle et donner sens aux effets relationnels des actions.
Ainsi le sujet peut commencer, baigné dans la chair de la relation thérapeutique, à vivre une expérience d’autonomie dans la relation. Se sentant plus en sécurité, il va pouvoir se positionner physiquement et psychiquement de manière plus active. Cette prise de position rend possible l’accueil de ses ressentis sensoriels, et donne sens à son affectivité. Accueillant ainsi ses potentialités créatives, le sujet va être en capacité de s’investir dans un imaginaire partagé où la signification des mots peut commencer à agir dans une dynamique interactive.
ACCORDAGE ET RÉACCORDAGE
La mise en place de l’accordage est ainsi le point de départ pour installer une zone d’activation optimale, indispensable dans le début de la prise en charge des traumas complexes. Celui-ci est la base de la stabilisation émotionnelle à l’intérieur d’un espace plus sécure. La première étape après l’accueil du sujet est de l’amener à sentir que le thérapeute est disponible pour accueillir sa singularité et faire face aux monstres qui le perturbent. Le début de l’entretien est ainsi très important pour introduire un espace sécurisant.
Cela passe par la mise en parole du vécu du patient dans l’espace de la pièce et de la relation, le thérapeute accueillant de manière in- conditionnelle la position et le vécu du sujet.
Le développement d’une meilleure coopération passe par l’observation attentive de trois éléments : les réactions corporelles du sujet, les résonances ressenties par le thérapeute, et les mouvements d’interaction au sein du processus d’accordage. Ces différentes informations sont en lien à la fois avec l’intention de rentrer en relation et en même temps avec des actions automatiques de survie. Ces informations doivent ensuite être mises en mots, et les actions automatiques doivent être comprises comme un effet du processus traumatique, celui-ci faisant vaciller l’expérience de la liberté relationnelle. C’est la raison pour laquelle la thérapie se situe dans un contexte de co-thérapie, le thérapeute posant les questions qu’il se pose lui-même quand il est en lien avec les effets de la scène traumatique.
Le thérapeute utilise les techniques hypnotiques de mise en relation dans un contexte intentionnel. En disant, par exemple « vous êtes assis… vous entendez ma voix… », le thérapeute ne se contente pas de constater ce qui est, mais rend audible son intentionnalité d’être en relation avec l’autre. Lorsqu’il dit « vous entendez ma voix… », le thérapeute sous-entend : « je me réjouis que vous soyez là, présent, me faisant confiance, et écoutant ce que je vous propose ». La dimension intentionnelle de la parole du thérapeute est fondamentale dans ce qu’on pourrait appeler un « yes set intentionnel », qui peut amener le thérapeute à demander au patient l’autorisation de se mettre dans la même position physique que lui, pour mieux le rejoindre dans son expérience. Cela implique évi- demment que le sujet perçoive que le thérapeute ne réduit pas les symptômes (angoisse, insomnie...) à l’expression d’un processus identitaire (« je suis angoissé, je suis insomniaque… »). Le thérapeute accueille d’abord le « je » (du « je suis angoissé »), avant d’externaliser l’angoisse. Ce langage externalisant, avec la co-création d’un espace imaginaire commun support de la conversation hypnotique, va permettre au sujet de se connecter aux intentions relationnelles du thérapeute, c’est-à-dire de le percevoir avant tout comme un être humain et non pas comme un simple technicien. Cela l’autorise à imaginer qu’il pourra un jour faire partie de ce monde des humains. Et lorsqu’il sentira que le thérapeute est touché par certains effets de son histoire (impuissance, angoisse, trahison, rejet, etc.), il aura la capacité de ramener ses perceptions à une expérience partagée.
Nous devons être attentifs à la manière dont s’amorce la relation d’accordage, là où elle est présente et là où elle peut se défaire. En effet, elle peut facilement se défaire à ce stade précoce où le sujet est encore dans une perception étroite, en lien avec une pensée par tas. Pour le sujet, toute relation sous l’influence du trauma prend la forme d’une relation de maltraitance, c’est-à-dire d’une relation dans laquelle le sujet ne perçoit pas, au niveau affectif, la possibilité de pouvoir vivre une expérience d’autonomie dans une relation. Même s’il commence à envisager au niveau cognitif les bonnes intentions du thérapeute, il a encore tendance à s’appuyer sur ses anciens réflexes, qui lui font percevoir le théra- peute comme arrimé à une position de pouvoir, sachant mieux que le sujet ce qui est bon pour lui.
TRAVERSÉE DES ANGOISSES DE MALTRAITANCE
La demande de permission (en particulier chaque fois que sont abordés les relations et le vécu interne) et l’externalisation sont des moyens essentiels pour installer une relation plus singulière.
Lorsque le sujet répond aux questions posées, le thérapeute reste très attentif à la première occurrence de l’emploi du « je », ainsi qu’aux métaphores et aux gestes spontanés du sujet. Le début de la conversation thérapeutique est marqué par de nombreuses « lignes éditoriales », où le thérapeute reformule ce qu’il a entendu en intégrant la dimension du « je ». Par exemple, si le sujet a pu exprimer sa souffrance sous forme d’une phrase commençant par « je... » (« je suis nul, je ne vaux rien… », « j’ai envie de me suicider... »), cela est le signe de l’installation d’une confiance vis-à-vis du thérapeute, de lui-même, et de la relation thérapeutique : c’est la raison pour laquelle le thérapeute devra intégrer ce « je...» dans sa reformulation, signant l’ouverture d’un espace de coopération. Ainsi le thérapeute va reformuler les propos recueillis, en disant : « si je comprends bien, vous me dites: je suis nul, je ne vaux rien…, est-ce bien cela que vous avez voulu me dire… ? ou est- ce autre chose… ? ». Cette reprise du « je » amène le sujet à commencer à se percevoir comme autonome dans la relation. Formuler ainsi cette « ligne éditoriale » renforce le lien entre le sujet et le thérapeute, celui-ci propose alors au sujet de choisir le thème sur lequel il souhaite continuer la conversation pour élucider les obscurités dans lesquelles il se dé- bat. Cette introduction du choix renforce la nouvelle dynamique de coopération dans la- quelle le sujet peut expérimenter une liberté en devenir. L’installation progressive de l’autonomie relationnelle prépare l’expérience fondatrice à partir de laquelle le sujet pourra s’extraire du pouvoir du trauma et prendre position sur sa vie à venir.
Si l’effet principal du trauma a été de détruire la confiance dans la relation humaine et dans les valeurs préférées du sujet (comme par exemple le respect, la liberté qui ne sont plus que des mots vides), la mise en place de l’autonomie relationnelle, dans la relation avec le thérapeute, contribue à redonner sens à une expérience de valeurs incarnées. En effet, les valeurs comme expression de la vie affective sont les formes langagières et culturelles de l’autonomie relationnelle. C’est à partir de leur existence que le sujet peut à nouveau avoir confiance dans le lien humain.
Redonner sens aux valeurs implique de vivre d’abord une relation dans laquelle le sujet a la certitude d’avoir de la valeur. Pour cela, même lorsqu’il agit dans une relation en décalage avec les attentes de l’autre, il est nécessaire que le sujet prenne conscience que l’autre perçoit ses intentions d’enrichir la relation. C’est sa prise d’initiative qui, ainsi accueillie, enrichit la puissance de vie de l’autre. En retour, le sujet fait l’expérience d’avoir de la valeur au sein d’une relation qu’il découvre maintenant comme un espace sécu- re, dans lequel il peut déployer sa créativité.
Alors cette liberté enrichit la vie des deux membres de cette relation, chacun se sentant valorisé par l’autre. Ainsi, même si l’action de l’un n’est pas adaptée, l’autre est en capacité d’en percevoir l’intention relationnelle. Par exemple, pour faire plaisir à un ami friand de chocolat, vous décidez de lui préparer un gâteau au chocolat. Certes vos talents culinaires sont importants, mais ce n’est pas là l’essentiel, il s’agit plutôt de montrer que votre intention, en réalisant ce plat, est d’honorer votre relation d’amitié. Et c’est à cette condition que le plaisir est partagé et enrichit la relation. Et même si le gâteau n’est pas parfait selon vous, c’est cette intention de partage, reconnue par l’autre, qui vous permet d’accueillir vos ressentis sensoriels en lien avec cette petite déception. Dans le cas contraire, lorsque l’intention relationnelle n’est pas accueillie par l’autre, vous tombez momentanément dans le vide, et ce qui n’était qu’une petite déception devient un abîme dans lequel votre valeur s’évapore.
Si l’effet principal du monde traumatique est la perte de la confiance en la relation humaine, la dissolution de la vie intentionnelle et la perte du sens des valeurs, la thérapie des traumas complexes consiste d’abord à retrouver et à partager cette perception intentionnelle pour reprendre confiance en la relation humaine.
HISTOIRE DE MADAME T.
Madame T., âgée de 49 ans, présentant de nombreux antécédents traumatiques, consulte pour une dépression chronique, avec anxiété et dévalorisation. Elle décrit sa vie comme un amoncellement d’échecs affectifs et professionnels. Elle a créé une entreprise qui a fait faillite. Après un divorce, elle a réussi à reconstruire une relation aujourd’hui fortement en crise. Son conjoint actuel fait chambre à part et lui a indiqué son intention de la quitter si elle ne changeait pas. Son histoire est dominée par un sentiment d’échec personnel : quoi qu’elle fasse, « rien ne va, les autres ne me comprennent pas et me rejettent », comme son premier compagnon et son fils qui ne veut plus la voir. Sa souffrance est perceptible lorsqu’elle évoque son incapacité à construire des relations de confiance.
Après plusieurs « lignes éditoriales », où le « je » de l’énonciation de cette souffrance a pu être entendu (« j’avais confiance en lui »), une conversation s’est initiée sur le rôle de la confiance dans la construction d’une relation humaine. Elle a pu retrouver des histoires de confiance dans sa vie et celle des autres, et réfléchir au lien entre la confiance et la possibilité de construction d’un projet commun.
Sous l’influence de la pensée par tas, caractéristique du monde traumatique et du vécu abandonnique, elle décrit l’expérience de la confiance et celle de la construction comme deux entités apposées l’une à côté de l’autre, sans lien. La présence de l’accordage donne l’opportunité au thérapeute d’amener Mme T. à tisser un lien entre la confiance et la construction : ainsi peut s’initier, grâce à la collaboration avec le thérapeute, un mode de « pensée par complexe » dans lequel la signification des mots, intégrant les différences de contexte, peut être partagée socialement. Cette nouvelle dynamique cognitive qui porte une composante relationnelle va l’autoriser à parler de la souffrance ressentie depuis la perte de contact avec son fils. Il est très important de réaliser que cette mère peut parler de sa douleur, justement parce qu’elle se sent en confiance avec le thérapeute. Si celui-ci n’accueille pas suffisamment le sens de cette souffrance en posant trop rapidement des questions à Mme T. sur les moments où son fils lui a fait confiance, ce questionnement risque de provoquer un sentiment de culpabilité lié à l’obligation de construire des relations de confiance. Cette obligation implicite dans laquelle Mme T. n’a pas de choix risque de réactiver l’influence du trauma et de réduire son vécu de confiance à un discours sur la confiance.
REDONNER DU SENS À L’INTENTIONNALITÉ
C’est parce qu’elle a senti que ses peurs concernant ses relations ont été accueillies durant l’entretien, qu’elle a pu spontanément évoquer l’anecdote suivante : « Mon conjoint ne dort plus avec moi, il me dit que si ça continue il va divorcer, qu’il l’a déjà fait une fois et qu’il n’a pas peur de recommencer. Il dit qu’il est un homme libre et que je vis dans la peur et la dépendance. » Ce récit lié à la peur l’amène à conclure : « Je suis une merde. » L’important à ce moment-là pour le thérapeute est de ne pas se faire recruter par cette histoire traumatique, et pour cela l’aider à percevoir la perte de confiance comme un effet secondaire de la peur et donc du trauma. Cette lecture est facilitée par l’emploi d’un questionnement externalisant qui fait ressortir le rôle du contexte de peur dans la perte de confiance. A partir de là, le « même pas peur » du mari pourra être interprété différemment. Ce n’est plus le message « je n’ai même pas peur de te quitter car moi, je suis autonome », mais le retour d’une signification intentionnelle où le « même pas peur (…) qui nous permet de construire un avenir commun) » est partageable. Si jusque-là MmeT. trouvait qu’avec le « même pas peur » son mari jouait les gros bras (mais au fond avait peur de partir puisqu’il continuait à habiter avec elle), elle comprend maintenant que si elle a perçu de la peur chez lui, ce n’est pas celle de partir, mais la peur qu’elle n’entende pas son intention de construire avec elle un projet où existent des relations de confiance. Cette prise de conscience de l’intentionnalité relationnelle du mari la touche affectivement, elle prend tout à coup conscience qu’elle a de la valeur pour lui et s’éloigne donc de l’image d’« être une merde » produite par le trauma.
CONVERSATION DE RE-MEMBERING
Ce changement de regard de Mme T. sur sa relation conjugale, en favorisant une nouvelle perception d’elle-même comme une femme ayant de la valeur, amène une modification émotionnelle, visible physiquement par le thérapeute, lui-même touché par cette évo- lution. C’est le moment où il va pouvoir poser des questions pour enrichir le lien de Mme T. avec d’autres histoires de confiance, avant d’introduire un questionnement spécifique sur l’intentionnalité et sur son lien avec l’humanité :
- Thérapeute : « Si je comprends bien, pour qu’une relation soit vraiment humaine, pour vous comme pour les autres, la confiance doit être présente ?
Devant sa réponse affirmative, d’autres questions sont posées afin de rentrer dans une conversation renforçant sa perception d’être une personne qui a de la valeur.
- Th. : Qui ne serait pas surpris que, pour vous, pour qu’une relation soit une relation humaine, la confiance doit être présente ?
Pour cette patiente, monter sur la berge c’est se sortir du tsunami de son trauma. Une forme de « sauvetage » rendu possible par un travail d’accordage et de co-thérapie pour rétablir des relations de confiance et renouer le lien avec les humains.
La difficulté rencontrée par un thérapeute lorsqu’il est confronté à un trauma complexe, est de travailler avec un sujet qui a perdu confiance en tout lien humain, dans un monde où prolifèrent les doubles liens avec de nombreux blocages sensoriels et une pauvreté de la pensée. Dans ce monde, les intentions relationnelles ont disparu.
A la différence de l’état de stress post-traumatique où le vécu traumatique est contextuel et où il reste des relations sécures en dehors du contexte traumatique, le trauma complexe est caractérisé par un envahissement généralisé de la problématique traumatique, le sujet restant prisonnier dans un labyrinthe de processus dissociatifs. Dans cette occurrence, le « sujet » ne peut pas se réassocier quelles que soient les modifications de ses actions, car il n’y a aucun espace sécure dans sa relation au monde, du fait de l’absence d’accordage dans sa relation à l’autre et à lui-même. Aucune action n’a de sens, il reste sous l’influence de l’impuissance et de l’effroi, aucun autre n’étant crédible pour venir à sa rencontre. En effet la dissociation, caractérisée par une contradiction entre relation à l’autre et relation à soi, plonge le sujet dans une expérience abandonnique de « seul au monde ».
« PENSÉE PAR TAS »
Dans cette expérience, les vides de pensée, les ruminations, les interprétations limitantes, la lutte contre les ressentis sensoriels et les actions automatiques s’enracinent dans un langage organisé selon une « pensée par tas ».
Le monde abandonnique amène le sujet à construire des « petits tas » de signification, auxquels il s’accroche pour échapper à l’émiettement chaotique et tenter de donner du sens à une expérience insensée. Dans cette expérience transie par des angoisses de mort, toute action peut déboucher sur des angoisses d’effondrement et toute tentative d’entrée dans la relation se traduit par des angoisses d’étouffement ou de rejet, caractéristiques de l’expérience de maltraitance. Devant la multiplication des doubles liens, le trauma s’invite dans les différents secteurs de vie du sujet, les intentions relationnelles s’absentent, la vie affective est anesthésiée, les troubles émotionnels tournent à vide ; l’absence d’accordage rigidifie le jeu relationnel et maintient le sujet dans un chaos insensé.
ACCORDAGE ET INTENTION
Dans ces prises en charge où aucun lien sécure ne tient, et où l’installation d’une relation thérapeutique est toujours problématique, un travail spécifique à partir de la compréhension de l’autonomie relationnelle sert de guide pour construire un chemin qui pourrait enfin donner un sens à la vie du sujet.
Sortir de cette impasse, où l’action se retourne contre elle-même, implique de rendre à nouveau perceptible la dimension intentionnelle. Cette visée intentionnelle est le vecteur de la vie affective et des gestes relationnels donnant forme à la subjectivité dans une dimension dialogique. Et c’est en co-construisant une relation d’accordage que le sujet et le thérapeute vont pouvoir donner forme à l’intentionnalité et enrichir leur pensée. L’accordage permet d’accueillir la vie relationnelle et donner sens aux effets relationnels des actions.
Ainsi le sujet peut commencer, baigné dans la chair de la relation thérapeutique, à vivre une expérience d’autonomie dans la relation. Se sentant plus en sécurité, il va pouvoir se positionner physiquement et psychiquement de manière plus active. Cette prise de position rend possible l’accueil de ses ressentis sensoriels, et donne sens à son affectivité. Accueillant ainsi ses potentialités créatives, le sujet va être en capacité de s’investir dans un imaginaire partagé où la signification des mots peut commencer à agir dans une dynamique interactive.
ACCORDAGE ET RÉACCORDAGE
La mise en place de l’accordage est ainsi le point de départ pour installer une zone d’activation optimale, indispensable dans le début de la prise en charge des traumas complexes. Celui-ci est la base de la stabilisation émotionnelle à l’intérieur d’un espace plus sécure. La première étape après l’accueil du sujet est de l’amener à sentir que le thérapeute est disponible pour accueillir sa singularité et faire face aux monstres qui le perturbent. Le début de l’entretien est ainsi très important pour introduire un espace sécurisant.
Cela passe par la mise en parole du vécu du patient dans l’espace de la pièce et de la relation, le thérapeute accueillant de manière in- conditionnelle la position et le vécu du sujet.
Le développement d’une meilleure coopération passe par l’observation attentive de trois éléments : les réactions corporelles du sujet, les résonances ressenties par le thérapeute, et les mouvements d’interaction au sein du processus d’accordage. Ces différentes informations sont en lien à la fois avec l’intention de rentrer en relation et en même temps avec des actions automatiques de survie. Ces informations doivent ensuite être mises en mots, et les actions automatiques doivent être comprises comme un effet du processus traumatique, celui-ci faisant vaciller l’expérience de la liberté relationnelle. C’est la raison pour laquelle la thérapie se situe dans un contexte de co-thérapie, le thérapeute posant les questions qu’il se pose lui-même quand il est en lien avec les effets de la scène traumatique.
Le thérapeute utilise les techniques hypnotiques de mise en relation dans un contexte intentionnel. En disant, par exemple « vous êtes assis… vous entendez ma voix… », le thérapeute ne se contente pas de constater ce qui est, mais rend audible son intentionnalité d’être en relation avec l’autre. Lorsqu’il dit « vous entendez ma voix… », le thérapeute sous-entend : « je me réjouis que vous soyez là, présent, me faisant confiance, et écoutant ce que je vous propose ». La dimension intentionnelle de la parole du thérapeute est fondamentale dans ce qu’on pourrait appeler un « yes set intentionnel », qui peut amener le thérapeute à demander au patient l’autorisation de se mettre dans la même position physique que lui, pour mieux le rejoindre dans son expérience. Cela implique évi- demment que le sujet perçoive que le thérapeute ne réduit pas les symptômes (angoisse, insomnie...) à l’expression d’un processus identitaire (« je suis angoissé, je suis insomniaque… »). Le thérapeute accueille d’abord le « je » (du « je suis angoissé »), avant d’externaliser l’angoisse. Ce langage externalisant, avec la co-création d’un espace imaginaire commun support de la conversation hypnotique, va permettre au sujet de se connecter aux intentions relationnelles du thérapeute, c’est-à-dire de le percevoir avant tout comme un être humain et non pas comme un simple technicien. Cela l’autorise à imaginer qu’il pourra un jour faire partie de ce monde des humains. Et lorsqu’il sentira que le thérapeute est touché par certains effets de son histoire (impuissance, angoisse, trahison, rejet, etc.), il aura la capacité de ramener ses perceptions à une expérience partagée.
Nous devons être attentifs à la manière dont s’amorce la relation d’accordage, là où elle est présente et là où elle peut se défaire. En effet, elle peut facilement se défaire à ce stade précoce où le sujet est encore dans une perception étroite, en lien avec une pensée par tas. Pour le sujet, toute relation sous l’influence du trauma prend la forme d’une relation de maltraitance, c’est-à-dire d’une relation dans laquelle le sujet ne perçoit pas, au niveau affectif, la possibilité de pouvoir vivre une expérience d’autonomie dans une relation. Même s’il commence à envisager au niveau cognitif les bonnes intentions du thérapeute, il a encore tendance à s’appuyer sur ses anciens réflexes, qui lui font percevoir le théra- peute comme arrimé à une position de pouvoir, sachant mieux que le sujet ce qui est bon pour lui.
TRAVERSÉE DES ANGOISSES DE MALTRAITANCE
La demande de permission (en particulier chaque fois que sont abordés les relations et le vécu interne) et l’externalisation sont des moyens essentiels pour installer une relation plus singulière.
Lorsque le sujet répond aux questions posées, le thérapeute reste très attentif à la première occurrence de l’emploi du « je », ainsi qu’aux métaphores et aux gestes spontanés du sujet. Le début de la conversation thérapeutique est marqué par de nombreuses « lignes éditoriales », où le thérapeute reformule ce qu’il a entendu en intégrant la dimension du « je ». Par exemple, si le sujet a pu exprimer sa souffrance sous forme d’une phrase commençant par « je... » (« je suis nul, je ne vaux rien… », « j’ai envie de me suicider... »), cela est le signe de l’installation d’une confiance vis-à-vis du thérapeute, de lui-même, et de la relation thérapeutique : c’est la raison pour laquelle le thérapeute devra intégrer ce « je...» dans sa reformulation, signant l’ouverture d’un espace de coopération. Ainsi le thérapeute va reformuler les propos recueillis, en disant : « si je comprends bien, vous me dites: je suis nul, je ne vaux rien…, est-ce bien cela que vous avez voulu me dire… ? ou est- ce autre chose… ? ». Cette reprise du « je » amène le sujet à commencer à se percevoir comme autonome dans la relation. Formuler ainsi cette « ligne éditoriale » renforce le lien entre le sujet et le thérapeute, celui-ci propose alors au sujet de choisir le thème sur lequel il souhaite continuer la conversation pour élucider les obscurités dans lesquelles il se dé- bat. Cette introduction du choix renforce la nouvelle dynamique de coopération dans la- quelle le sujet peut expérimenter une liberté en devenir. L’installation progressive de l’autonomie relationnelle prépare l’expérience fondatrice à partir de laquelle le sujet pourra s’extraire du pouvoir du trauma et prendre position sur sa vie à venir.
Si l’effet principal du trauma a été de détruire la confiance dans la relation humaine et dans les valeurs préférées du sujet (comme par exemple le respect, la liberté qui ne sont plus que des mots vides), la mise en place de l’autonomie relationnelle, dans la relation avec le thérapeute, contribue à redonner sens à une expérience de valeurs incarnées. En effet, les valeurs comme expression de la vie affective sont les formes langagières et culturelles de l’autonomie relationnelle. C’est à partir de leur existence que le sujet peut à nouveau avoir confiance dans le lien humain.
Redonner sens aux valeurs implique de vivre d’abord une relation dans laquelle le sujet a la certitude d’avoir de la valeur. Pour cela, même lorsqu’il agit dans une relation en décalage avec les attentes de l’autre, il est nécessaire que le sujet prenne conscience que l’autre perçoit ses intentions d’enrichir la relation. C’est sa prise d’initiative qui, ainsi accueillie, enrichit la puissance de vie de l’autre. En retour, le sujet fait l’expérience d’avoir de la valeur au sein d’une relation qu’il découvre maintenant comme un espace sécu- re, dans lequel il peut déployer sa créativité.
Alors cette liberté enrichit la vie des deux membres de cette relation, chacun se sentant valorisé par l’autre. Ainsi, même si l’action de l’un n’est pas adaptée, l’autre est en capacité d’en percevoir l’intention relationnelle. Par exemple, pour faire plaisir à un ami friand de chocolat, vous décidez de lui préparer un gâteau au chocolat. Certes vos talents culinaires sont importants, mais ce n’est pas là l’essentiel, il s’agit plutôt de montrer que votre intention, en réalisant ce plat, est d’honorer votre relation d’amitié. Et c’est à cette condition que le plaisir est partagé et enrichit la relation. Et même si le gâteau n’est pas parfait selon vous, c’est cette intention de partage, reconnue par l’autre, qui vous permet d’accueillir vos ressentis sensoriels en lien avec cette petite déception. Dans le cas contraire, lorsque l’intention relationnelle n’est pas accueillie par l’autre, vous tombez momentanément dans le vide, et ce qui n’était qu’une petite déception devient un abîme dans lequel votre valeur s’évapore.
Si l’effet principal du monde traumatique est la perte de la confiance en la relation humaine, la dissolution de la vie intentionnelle et la perte du sens des valeurs, la thérapie des traumas complexes consiste d’abord à retrouver et à partager cette perception intentionnelle pour reprendre confiance en la relation humaine.
HISTOIRE DE MADAME T.
Madame T., âgée de 49 ans, présentant de nombreux antécédents traumatiques, consulte pour une dépression chronique, avec anxiété et dévalorisation. Elle décrit sa vie comme un amoncellement d’échecs affectifs et professionnels. Elle a créé une entreprise qui a fait faillite. Après un divorce, elle a réussi à reconstruire une relation aujourd’hui fortement en crise. Son conjoint actuel fait chambre à part et lui a indiqué son intention de la quitter si elle ne changeait pas. Son histoire est dominée par un sentiment d’échec personnel : quoi qu’elle fasse, « rien ne va, les autres ne me comprennent pas et me rejettent », comme son premier compagnon et son fils qui ne veut plus la voir. Sa souffrance est perceptible lorsqu’elle évoque son incapacité à construire des relations de confiance.
Après plusieurs « lignes éditoriales », où le « je » de l’énonciation de cette souffrance a pu être entendu (« j’avais confiance en lui »), une conversation s’est initiée sur le rôle de la confiance dans la construction d’une relation humaine. Elle a pu retrouver des histoires de confiance dans sa vie et celle des autres, et réfléchir au lien entre la confiance et la possibilité de construction d’un projet commun.
Sous l’influence de la pensée par tas, caractéristique du monde traumatique et du vécu abandonnique, elle décrit l’expérience de la confiance et celle de la construction comme deux entités apposées l’une à côté de l’autre, sans lien. La présence de l’accordage donne l’opportunité au thérapeute d’amener Mme T. à tisser un lien entre la confiance et la construction : ainsi peut s’initier, grâce à la collaboration avec le thérapeute, un mode de « pensée par complexe » dans lequel la signification des mots, intégrant les différences de contexte, peut être partagée socialement. Cette nouvelle dynamique cognitive qui porte une composante relationnelle va l’autoriser à parler de la souffrance ressentie depuis la perte de contact avec son fils. Il est très important de réaliser que cette mère peut parler de sa douleur, justement parce qu’elle se sent en confiance avec le thérapeute. Si celui-ci n’accueille pas suffisamment le sens de cette souffrance en posant trop rapidement des questions à Mme T. sur les moments où son fils lui a fait confiance, ce questionnement risque de provoquer un sentiment de culpabilité lié à l’obligation de construire des relations de confiance. Cette obligation implicite dans laquelle Mme T. n’a pas de choix risque de réactiver l’influence du trauma et de réduire son vécu de confiance à un discours sur la confiance.
REDONNER DU SENS À L’INTENTIONNALITÉ
C’est parce qu’elle a senti que ses peurs concernant ses relations ont été accueillies durant l’entretien, qu’elle a pu spontanément évoquer l’anecdote suivante : « Mon conjoint ne dort plus avec moi, il me dit que si ça continue il va divorcer, qu’il l’a déjà fait une fois et qu’il n’a pas peur de recommencer. Il dit qu’il est un homme libre et que je vis dans la peur et la dépendance. » Ce récit lié à la peur l’amène à conclure : « Je suis une merde. » L’important à ce moment-là pour le thérapeute est de ne pas se faire recruter par cette histoire traumatique, et pour cela l’aider à percevoir la perte de confiance comme un effet secondaire de la peur et donc du trauma. Cette lecture est facilitée par l’emploi d’un questionnement externalisant qui fait ressortir le rôle du contexte de peur dans la perte de confiance. A partir de là, le « même pas peur » du mari pourra être interprété différemment. Ce n’est plus le message « je n’ai même pas peur de te quitter car moi, je suis autonome », mais le retour d’une signification intentionnelle où le « même pas peur (…) qui nous permet de construire un avenir commun) » est partageable. Si jusque-là MmeT. trouvait qu’avec le « même pas peur » son mari jouait les gros bras (mais au fond avait peur de partir puisqu’il continuait à habiter avec elle), elle comprend maintenant que si elle a perçu de la peur chez lui, ce n’est pas celle de partir, mais la peur qu’elle n’entende pas son intention de construire avec elle un projet où existent des relations de confiance. Cette prise de conscience de l’intentionnalité relationnelle du mari la touche affectivement, elle prend tout à coup conscience qu’elle a de la valeur pour lui et s’éloigne donc de l’image d’« être une merde » produite par le trauma.
CONVERSATION DE RE-MEMBERING
Ce changement de regard de Mme T. sur sa relation conjugale, en favorisant une nouvelle perception d’elle-même comme une femme ayant de la valeur, amène une modification émotionnelle, visible physiquement par le thérapeute, lui-même touché par cette évo- lution. C’est le moment où il va pouvoir poser des questions pour enrichir le lien de Mme T. avec d’autres histoires de confiance, avant d’introduire un questionnement spécifique sur l’intentionnalité et sur son lien avec l’humanité :
- Thérapeute : « Si je comprends bien, pour qu’une relation soit vraiment humaine, pour vous comme pour les autres, la confiance doit être présente ?
Devant sa réponse affirmative, d’autres questions sont posées afin de rentrer dans une conversation renforçant sa perception d’être une personne qui a de la valeur.
- Th. : Qui ne serait pas surpris que, pour vous, pour qu’une relation soit une relation humaine, la confiance doit être présente ?
Dr Julien BETBÈZE
Rédacteur en chef de la revue « Hypnose & Thérapies brèves ». Pédopsychiatre et psychiatre adultes, chef de service de l’Accueil familial thérapeutique de Loire-Atlantique de 1998 à 2018.
Chargé de cours à la Faculté de médecine de Nantes (DU Addictions, DU Hypnose, DU Douleur) et au sein des Instituts de la CFHTB. Responsable pédagogique et formateur en hypnose, thérapies stratégiques, solutionnistes et narratives à l’Arepta- IMHENA (Institut Milton H. Erickson Nantes).
Chargé de cours à la Faculté de médecine de Nantes (DU Addictions, DU Hypnose, DU Douleur) et au sein des Instituts de la CFHTB. Responsable pédagogique et formateur en hypnose, thérapies stratégiques, solutionnistes et narratives à l’Arepta- IMHENA (Institut Milton H. Erickson Nantes).
N°73 : Mai / Juin / Juillet 2024
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.