Risques et dangers de l'hypnose: Hypnose de rue.



VII - Hypnose de rue par les non-professionnels de santé

L’hypnose est un processus de conscience modifié au sein duquel le sujet est plus réceptif aux suggestions et aux messages qui lui sont proposés. Si cet outil peut être thérapeutique lorsqu’il est utilisé par des professionnels de santé, et les preuves scientifiques sont nombreuses à ce sujet, il peut dans de mauvaises mains, animées de mauvaises intentions, être délétère.

Nous avons abordé l’hypnose de spectacle avec ses dérives possibles, ses effets secondaires liés aux mauvaises réassociations, ses démonstrations potentiellement dégradantes ou humiliantes. Mais, lors des spectacles, les spectateurs ont choisi de se rendre dans la salle.

Ceux qui montent sur scène pour participer à l’expérience sont majeurs et le font de leur plein gré, même s’ils n’en connaissent pas forcément tous les tenants et aboutissants.

L’hypnose de rue est plus grave par bien des aspects.

En tout premier lieu, le « sujet » est abordé sur la voie publique par un inconnu qui lui propose de vivre une expérience surprenante et inhabituelle, et qui en profite pour induire simultanément la transe hypnotique. Aucune explication n’est donnée, aucun consentement éclairé n’est demandé par l’hypnotiseur de rue. En quelques secondes et en public, à même le trottoir, il enchaîne les techniques d’inductions rapides, directives, jusqu’à parfois la rupture de patterns, voire la perte de conscience de sa « victime ».

Puis s’en suivent plusieurs minutes de démonstrations sauvages pour le plus grand plaisir du public alentour, et au détriment de la personne ainsi exposée. À la fin de cette prise de pouvoir, aucune réassociation, aucune mise en garde éventuelle, ni aucune évocation des effets collatéraux possibles ne sont effectuées. La victime est le plus souvent laissée brutalement sur le trottoir sans ménagement, et reste le plus souvent perplexe, se retrouvant entre une transe négative inconfortable, et une conscience critique empreinte de la culpabilité de s’être fait avoir.

En second lieu, l’apprentissage de ces techniques agressives se fait le plus souvent par tutoriel vidéo sur Internet (YouTube en particulier) ou au sein de centres de formation ouverts à tous sans prérequis, et proposant même parfois d’en faire un métier de soignants. Lors de ces vidéos, on découvre comment induire une transe en quelques secondes, prendre le contrôle de l’autre, et le manipuler, quelles qu’en soient les conséquences. Aucun enseignement n’est donné sur les contre-indications, les effets collatéraux, ni sur le retour en conscience critique accompagné. Rien sur le vécu négatif qui peut en découler.

Rien non plus sur la vérification, à la fin de la séance, que la personne soit bien présente ici et maintenant, et capable de reprendre sa journée.

Au fil des années, de plus en plus de patients consultent les praticiens professionnels de santé en hypnose, pour traiter les effets secondaires de ces hypnoses sauvages, dont ils ont été les victimes.

Plusieurs faits divers ont fait la une de la presse à la suite du déclenchement des secours (SAMU et/ou pompiers) pour des personnes retrouvées «inconscientes» allongées sur le trottoir, et ne répondant plus aux appels. Il s’agissait en fait de victimes d’hypnotiseurs de rue, qui ont tout simplement fui devant la perte de contact de la personne. Les conséquences sont doubles : d’une part, le sujet se retrouve dans une situation dégradante, et d’autre part, les secours sont contraints de déplacer des véhicules pour ce motif abusif.

La plupart des personnels de secours n’étant pas formé en hypnose, ils ne peuvent reconnaître l’origine du trouble, et cela conduit à des hospitalisations coûteuses, voire à la réalisation d’imagerie (scanner ou IRM) pour éliminer un processus neurologique ou métabolique urgent.



- Hypnothérapeute à Paris 11. - Formateur en EMDR - IMO et Hypnose. - Dirige le CHTIP Collège… En savoir plus sur cet auteur


Rédigé le 03/03/2020 à 22:45 | Lu 2043 fois modifié le 03/03/2020


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