Dr Gil Hubert: agression sexuelle, vaginisme, et accouchement. Dr Catherine Eilat: accouchement, anesthésie et hypnose


Le Collège d'Hypnose et de Thérapies Intégratives de Paris, était présent au Congrès de Quiberon sur la Douleur, et a assisté aux interventions du Dr Gil Hubert sur l'agression sexuelle, le vaginisme, et l'accouchement et du Dr Catherine Eliat sur l'accouchement, l'anesthésie et l'hypnose


Contractions utérines. Dr Gil HUBERT au Congrès International Hypnose et Douleur

Agression sexuelle, vaginisme, accouchement et hypnose.

Nous rapportons le cas d’une femme âgée de 25 ans, primipare.

Dans ses antécédents, on retrouve une agression dans l’enfance, et une agression sexuelle 3 mois avant le début de sa grossesse. Les rapports sexuels sont difficiles, et lors du suivi de sa grossesse aucun toucher vaginal ne sera réalisé. Le travail débute dans la 40ème semaine d’aménorrhée.

Une analgésie péridurale est demandée à l’anesthésiste : la parturiente est présentée comme « immature », la dilatation du col est à 4 cm, la poche des eaux est intacte et la parturiente normotherme. La pose de la péridurale dure 45 minutes en raison de 2 montées du cathéter dans une veine.

Pendant toute la procédure, l’anesthésiste utilise communication hypnotique et hypnose conversationnelle. L’analgésie est ensuite efficace avec l’utilisation de naropeine 1 mg/ml associée à du sufentanil 0,16 mg/ml (débit continu 13 ml/H, bolus 6 ml).
Cependant une heure après la pose de la péridurale, la sage femme signale à l’anesthésiste que la femme est anxieuse vis à vis de son accouchement et que lors de l’expulsion sa présence sera, très probablement, nécessaire pour majorer l’analgésie péridurale. Ceci est fréquemment constaté chez les femmes victimes d’agression sexuelle et/ou présentant un vaginisme (1-2) amenant même parfois à réaliser une extraction instrumentale voire une césarienne devant l’incapacité de la femme de se laisser examiner ou d’être active lors de l’expulsion (2-3-4).

L’anesthésiste propose à cette parturiente (la dilatation du col est à 8 cm) une hypnose afin qu’elle puisse envisager sereinement cet accouchement. Celle ci accepte. La séance comporte trois éléments : 1 – la création d’un lieu de sécurité fictif ayant un lien avec une activité ludique de la patiente. 2 – le recours à une métaphore. 3 – une suggestion post hypnotique proposant de réutiliser l’outil acquis à chaque fois qu’elle en ressentira le besoin.

A fin de la séance, la patiente est très satisfaite de cette expérience, se sent rassurée et sereine. Elle précise même qu’en arrivant au bloc obstétrical quelques heures auparavant, elle n’était pas prête à vivre un accouchement et qu’après, avec ces acquisitions elle se sent prête à en faire 10 (phrase qu’elle répétera de nouveau le lendemain).

Après la séance d’hypnose, le rythme cardiaque fœtal s’est amélioré avec quasi disparition des dip 1. A l’expulsion, aucune réinjection n’est effectuée sur la péridurale (demande fréquente des équipes obstétricales afin d’obtenir une anesthésie complète du périnée et de supprimer toute sensation de cette région pour permettre un accouchement par voie basse).

La femme sera active lors de son accouchement et pendant la phase d’expulsion aidée par des ventouses en raison de troubles du rythme de l’enfant et non par refus de pousser. Conclusions : ce cas clinique nous pousse à dépister systématiquement ces femmes dont la grossesse peut réveiller un syndrome post traumatique pour leur proposer une prise en charge incluant une hypnose.

Objectif de la formation :
Rapporter la prise en charge par hypnose pour son accouchement d’une parturiente victime d’agression sexuelle et présentant un vaginisme

Chut, on tourne ! Dr Catherine Eliat. Congrès International Hypnose et Douleur

« Madame, votre bébé est en siège… Pour éviter une césarienne il est vous est conseillé de tenter une version par manœuvre externe (VME). La VME est faite par l’obstétricien qui va mobiliser le bébé à travers la paroi abdominale maternelle pour le retourner… »

Oui mais… ce geste est souvent vécu par les patientes comme anxiogène, désagréable et douloureux, et sa mauvaise réputation conduit parfois à un refus. Or l’accouchement par voie basse d’un bébé en siège ne peut s’envisager qu’avec des conditions obstétricales optimales, certaines équipes programmant systématiquement des césariennes. Nous avons étudié de façon prospective, en comparant deux groupes de patientes (groupe témoin et groupe hypnose), l’apport de l’hypnose au cours de la version, évaluée en termes d’anxiété, de douleur, de confort et de succès sur des échelles visuelles analogiques (EVA).

A ce stade de l’étude, l’hypnose diminue la douleur et améliore le confort de façon statistiquement significative, diminue l’anxiété de la patiente et ne semble pas modifier le taux de réussite de la version. De simples suggestions de confort ne suffisent pas à assurer une analgésie hypnotique.

L’installation de l’analgésie en hypnose lors d’un soin douloureux, en-dehors de toute analgésie ou anesthésie médicamenteuse comme c’est le cas dans cette étude, mérite donc une attention et un soin particulier de la part du soignant. En améliorant le vécu d’un soin obstétrical, l’hypnose permet un travail utile à la patiente dans son histoire médicale comme dans la construction de sa maternité.

Objectifs de la formation :

Montrer intérêt d’une intervention en hypnose lors d’un moment particulier de la vie, en contexte obstétrical

Techniques d’analgésie hypnotiques

Encourager le développement d’études scientifiques pour la crédibilité de l’hypnoanalgésie


- Hypnothérapeute à Paris 11. - Formateur en EMDR - IMO et Hypnose. - Dirige le CHTIP Collège… En savoir plus sur cet auteur


Rédigé le 31/07/2017 à 15:34 | Lu 919 fois modifié le 19/07/2018


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